Trivago achète le PMS Base7Booking, mais c’est pour le bien des hôteliers

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Trivago, le comparateur allemand dont 63 % des parts ont été acquises par Expedia en mars 2013, achète en mars 2016 le PMS suisse Base7Booking. Les conditions de la transaction ne sont pas révélées. Officiellement "l’intégration des deux plateformes connectera les hôteliers à des millions de voyageurs et leur permettra de générer des réservations directes via leur propre site web.".
Malgré les apparences, cette transaction remonterait à 2015 et concernerait 52,3 % des actions de Base7Booking Sarl.
Voici donc que trivago veut devenir le partenaire le plus intime possible des hôteliers. Le PMS étant le cœur névralgique de l’opérationnel hôtelier, trivago débarque donc dans l’intimité de la gestion et de la distribution d’un établissement client de trivago. N’y voyez aucun conflit d’intérêt, ce serait pure spéculation.
Si à la fin de la messe vous allez demander au curé ultra conservateur un préservatif, ne soyez pas étonné qu’il soit troué (le préservatif, pas le curé NDLR)... Si un jour trivago venait à demander à Base7Booking de modifier légèrement ses algorithmes de distribution, ce dont trivago nous assure aujourd’hui du contraire puisque Base7Booking n’en dispose pas (ce qui paraît d’ailleurs anachronique en 2016), l’hôtelier n’y verrait que du feu et le résultat serait le même que le petit trou dans la capote : un magnifique bébé non désiré ! et une mère (l’hôtelier) prise au dépourvu !
Le communiqué officiel indique "Un récent rapport Phocuswright* indique que deux tiers des hôteliers prévoient de développer leur canal de réservation directe ; trivago et Base7booking veulent s’inscrire dans cette dynamique et donner aux hôteliers les moyens d’atteindre cet objectif. (*Rapport de Phocuswright, octobre 2015 : “Independent Lodging Market : Marketing, Distribution and Technology Strategies for NonBranded Properties”)". D’une part, ce n’est pas parce que les hôteliers souhaitent développer leur canal de réservation directe qu’ils vont y parvenir car les dés sont désormais jetés en attendant une possible mais peu probable à court terme redistribution des cartes, et d’autre part on ne peut pas considérer la réservation issue de trivago ou de TripAdvisor ou de Book on Google comme directe : ce n’est pas parce que l’intermédiaire n’est plus un OTA qu’il n’y a plus d’intermédiaire dans la relation entre le client et le vendeur !
Qui est Base7Booking ? Dans un article intitulé Tourisme 2.0 : Ces start-up suisses qui défient les géants du marché, le magazine suisse PME indiquait : "En 2008, sa femme et lui (Frank Martin, le fondateur) ouvrent un bed & breakfast à Lutry. « Nous avons très vite réalisé qu’il nous fallait un moyen de gérer notre hôtel à distance. Nous avons alors développé ce logiciel pour notre usage personnel », raconte Frank Martin. En 2012, il s’associe avec deux de ses stagiaires et un développeur indépendant afin de commercialiser la plateforme. Aujourd’hui, Base-7booking est implanté dans 37 pays et compte 16 employés. « Tous nos collaborateurs sont issus d’une école hôtelière », souligne le directeur.". Le PMS a donc été créé par un hôtelier qui a fait Lausanne et a été propriétaire de 2008 à 2015 d’un charmant hôtel 4* de 4 chambres qui passe à 13 chambres en 2011, puis s’est associé avec deux de ses stagiaires de Lausanne et un développeur. Le PMS est aujourd’hui utilisé dans 40 pays mais le nombre de clients est inconnu. Le PMS est en cloud, comme une bonne trentaine d’autres PMS internationaux sans compter les initiatives locales dans une multitude de pays.
Le communiqué mentionne "...Avec Base7booking, trivago souhaite voir les hôteliers passer d’une gestion papier/crayon à une gestion hôtelière en ligne.... Les petits hôtels qui gèrent à la main seraient-ils les seuls visés ? Ce n’est pourtant pas sur ces petits hôtels généralement à la campagne que se réalise le gros du business de la réservation hôtelière.
En 2016 et dans les années à venir, gérer des tuyaux n’est plus vraiment ce qu’on attend d’un PMS. Ce qu’on en attend, c’est qu’il gère les clients, quel que soit le tuyau qu’ils utilisent à l’instant T.
Pourrait-on déceler dans cette acquisition le syndrome BookingSuite ? Officiellement que nenni. C’est dommage d’en arriver là car Expedia avait jusque là réalisé un profond travail, plutôt réussi d’ailleurs, sur son cœur de métier d’agent de voyages qui ne se contente pas de capturer la demande là où elle passe mais utilise les leviers à sa disposition pour susciter et canaliser la demande. Comme l’indiquent tous les documents officiels Expedia ou trivago, trivago est indépendant dans sa gestion, néanmoins les 63 % de droits de vote d’Expedia au conseil d’administration de trivago doivent bien s’exprimer ou à minima donner leur avis sur une telle acquisition. C’est au 1er trimestre 2016 puis au 1er trimestre 2018 qu’Expedia peut racheter par lots respectifs de 50 % les parts encore détenues par les fondateurs de trivago, qu’Expedia valorisait à 365 M$ (pour les 37 % encore détenus par les fondateurs de trivago) dans son rapport annuel 2013. Qui sait ce qui se trame sur ce plan ?
Conclusion
Si les hôteliers n’ont pas encore compris que la technologie est leur point de salut dans le monde actuel, l’intérêt du duopole Booking-Expedia pour les technologies les plus proches de l’hôtel devrait les alerter : il est urgent de protéger son fonds de commerce avec des prestataires technologiques réellement indépendants et compétents.
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