Impala lève 11 M$ pour créer une API hôtelière universelle
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La société anglaise Impala vient d’annoncer avoir levé 11 millions de dollars en série A auprès de Stride.VC, de Xavier Niel / Kima Ventures, de Jerry Murdock, des partenaires de DST Global et d’investisseurs existants. Sa première lévée avait été de 1,75 M$ en seed.
Les initiés connaissent Impala qui se présente comme une API unique ou un connecteur universel aux données hôtelières.
Ce qu’Impala cherche à faire
L’ambition d’Impala est de devenir l’Amazon de l’hôtellerie et de prendre son pécule à chaque fois qu’une application se connecte aux données d’un hôtel.
Impala aimerait s’immiscer entre un hôtel et par exemple Booking[.]com, et tous les autres systèmes bien évidemment.
Le modèle économique d’Impala publié sur leur site est limpide :
Si un hôtel utilise plusieurs applications/solutions technologies en supplément de son PMS, les revenus d’Impala pourraient en théorie vite flamber. Le hic c’est que celui qui doit payer dans les faits est l’hôtel : en effet une application/solution technologique n’a pas vocation à absorber les coûts de connectivité mais à les répercuter sur l’entreprise qui consomme le service technologique, en l’occurrence l’hôtel.
La connectivité n’est pas qu’une histoire d’API
C’est d’une part une question de logique d’affaires et de facto de volonté, mais surtout d’autre part une question de maîtrise.
Comme le disait fort à propos une publicité Pirelli (pour les pneus, pas pour le calendrier), « sans maîtrise, la puissance n’est rien ».
Tu veux ou tu veux pas ?
Pour la partie logique d’affaires, la question est simple : un prestataire a-t-il intérêt se connecter à Impala ?
A ce petit jeu, les PMS ont largement démontré qu’ils sont plutôt opposés à la connectivité. Pour le dire autrement, ils le font contraints et forcés, en traînant les pieds et avec des API souvent propriétaires, hormis pour les petits nouveaux comme Mews, Clock, CloubBeds, Hotelogix, Apaleo, etc... Les « anciens » PMS s’y mettront peut-être mais pas forcément rapidement, ou pas.
La maîtrise
Pour la partie maîtrise, la question ne se résume pas à des droits de lecture simple ou des droits d’écriture complets.
En effet, certaines données peuvent être modifiées par une application tierce mais pas d’autres données. Et parmi les données autorisées, tout n’est pas autorisé tout le temps ni pour toute nature de modification ni pour tout type de solution technologique.
La gestion des droits est un sujet complexe pour lequel des plateformes agnostiques comme Ireckonu ou HapiCloud ont une vision différente qui consiste non seulement à donner un accès facilité aux données des hôtels avec une gestion intelligente de droits et des APIs ouvertes, mais surtout à en organiser et gérer le stockage optimisé.
Ce stockage est d’ailleurs un principe de bon sens si on veut des temps de réponse maîtrisés. En effet, aller questionner plusieurs serveurs distants pour extraire/injecter/modifier des données disséminées va fatalement prendre plus de temps que si les données sont centralisées et optimisées pour être rapidement accessibles. La duplication des données peut vite devenir une cacophonie si la synchronisation n’est pas parfaitement orchestrée et simultanée.
Quand le PMS n’est pas dans le cloud, la connectivité devient tout de suite beaucoup plus compliquée...
Quant aux plateformes de connectivité comme Protel i/o ou SiteMinder Exchange, elles promettent également de fluidifier la connectivité mais ne sont pas agnostiques. Pour le dire autrement, si un hôtelier client de Protel PMS et Protel i/o veut changer de PMS, il perd d’un coup toutes ses connectivités alors qu’avec un système agnostique, changer le PMS n’implique aucun autre changement.
Modification le 03 octobre 2019 à 20h30
SiteMinder a souhaité jouer sur les mots en disant que l’on pouvait changer de PMS sans avoir besoin de quitter SiteMinder Exchange (sic).
Le métier de base de SiteMinder étant le channel manager, le parallèle logique de la phrase « si un hôtelier client de Protel PMS et Protel i/o veut changer de PMS... » est « si un hôtelier client de SiteMinder Channel Manager et SiteMinder Exchange veut changer de channel manager... ».
Un hôtel peut changer de channel manager et conserver SiteMinder Exchange mais ne pourra pas avoir son nouveau channel manager connecté à SiteMinder Exchange. Pour l’hôtel, c’est un retour en arrière.
En effet, si un hôtel fait la démarche de se connecter à une telle plateforme, ça n’est pas pour devoir multiplier les points de friction après avoir fait l’effort de les réduire.
De ce fait, on ne peut manifestement pas dire que SiteMinder Exchange soit agnostique.
Pour que le choix de l’hôtelier(ère) soit éclairé, il est important qu’il ou elle comprenne la portée de la notion d’agnosticisme.
Côté Booking[.]com ou Expedia, la connectivité quasi-directe depuis le PMS est un leurre : la distribution a impérativement besoin d’être pilotée et régulée, ce que les PMS ont souvent du mal à faire bien.
Conclusion
Il est rassurant de voir que des gens se préoccupent enfin de la connectivité aux systèmes hôteliers, tout particulièrement dans la perspective de l’explosion des demandes de connectivités qui surviendra lorsque les IoT ou objets connectés atteindront leur propre maturité.
Ces outils de connectivité vont mûrir, stabiliser leur modèle économique, stabiliser leur technologie. Nous n’en sommes qu’au début...
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