Concentration des acteurs techonogiques hôteliers : TravelTripper et Pegasus fusionnent
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Drôle de mariage que celui d’une société vétérane du secteur, Pegasus ou ce qui en reste, et TravelTripper avec l’aide du fonds d’investissement Accel-KKR. Dans les faits, c’est plutôt TravelTripper qui prend le lead sur le dossier et son patron Gautam Lulla est d’ailleurs devenu Président de la nouvelle entité.
TravelTripper
TravelTripper est une société américaine fondée en 2005 dont les services consistent en un CRS, un moteur de réservation, une agence digitale, une branche marketing digital, un widget de comparaison tarifaire « intelligent » qui ajuste les tarifs au cas où ils seraient moins cher ailleurs que sur le site web.
Pegasus Solutions
Pegasus Solutions a une histoire riche : elle a été initialement fondée en 1989 sous le nom THISCO pour The Hotel Industry Switch Company par 17 chaînes hôtelières qui avaient compris l’intérêt de connecter leurs CRS aux GDS . Ainsi été né le switch qui allait permettre aux chaînes hôtelières membres de distribuer efficacement leurs chambres sur les GDS qui à l’époque régnaient en maîtres absolus de la distribution électronique hôtelière. Avec le temps THISCO a évolué, a changé de nom pour devenir Pegasus Solutions et a diversifié ses services (UTELL pour la représentation GDS, booking engine, marketing digital, etc...). En 2014, la société a été coupée en deux et l’activité switch de Pegasus a été vendue sous le nom de DHISCO. DHISCO est devenu une filiale de Rategain en 2018. A la belle époque, le chiffre d’affaires de Pegasus se comptait en centaines de millions de dollars.
Le bundle
D’après Sean O’Neill de Skift, la nouvelle entité pèserait 5.500 hôtels.
Certains produits existant dans chacune des entités, il paraît logique que les doublons disparaissent, à la faveur du meilleur des deux ou à minima à la fusion de services.
Le marché mondial de la technologie hôtelière se consolide
On peut citer le géant chinois Shiji qui a avec le temps acquis plusieurs entités : SnapShot, ReviewPro, Kalibrilabs, StayNTouch, Horwath HTL, Infrasys, Concept Software Systems...
On peut et doit bien évidemment citer le rachat de TravelClick par Amadeus en août 2018 pur 1,5 Mds de $. Amadeus avait acheté en 2004 puis revendu en 2009 Optims rebaptisé Softbrands, et avait également acheté Newmarket en 2013 et Itesso en 2015.
L’américain Infor avait également fait l’acquisition des PMS Softbrands (ex Optims et eux même ex Prologic) en 2009 et EasyPMS en 2012.
A des échelles plus petites, on peut parler
- du rachat de DHISCO par Rategain
- en France du rachat de Fastbooking puis Availpro par Accor
- en France de la fusion et des acquisitions de plusieurs PMS hôtels et campings par Sequoiasoft
Il serait réducteur de limiter l’appétit pour la technologie hôtelières aux seuls fournisseurs historiques. En effet, il faut se souvenir de l’acquisition de PriceMatch par Booking.com ou celle d’Alice par Expedia. Ces deux géants ont bien envie de s’inviter au festin, même si leurs méthodes sont radicalement différentes non seulement entre eux mais également vis-a-vis des acteurs traditionnels.
Où va-t-on ?
La logique capitaliste pousse à la concentration, un ou plutôt le levier efficace pour réaliser des économies d’échelle et accélérer le niveau de R&D, le second étant le seul à agrandir le fossé qui sépare le géant de ses concurrents.
Dans ce contexte, la marge de manœuvre des petits éditeurs est limitée : s’ils ne sont pas totalement ouverts et faciles à connecter avec des API ouvertes et surtout standards ou qu’ils n’ont pas un produit réellement exceptionnel, ce qui est souvent le cas sur une niche de marché, leur avenir paraît compromis.
Avec la multiplication des connectivités, la moindre mise-à-jour d’un système d’exploitation type iOS/Android/Windows/Linux ou de bases de données a un effet domino sur toutes les connectivités et se transforme en un véritable enfer pour les petites équipes.
Les petits éditeurs de logiciel pourraient s’allier pour aller de l’avant ensemble sur un noyau technologique tout en conservant leurs spécificités métier, mais ils sont finalement comme les hôteliers indépendants qui voient en leurs confrères des concurrents, ce qui fait dire :
Pendant que les petits se chamaillent pour le même épi de blé, le gros moissonne le champ entier !
Conclusion
Si on se place du point de vue hôtelier, choisir son partenaire technologique est devenu un enjeu bien plus stratégique que par le passé. Non seulement il faut s’assurer que le produit réponde bien aux besoins quotidiens des équipes opérationnelles pour un meilleur service rendu au client, mais surtout il est impératif de s’assurer de la pérennité du partenaire technologique qu’on s’apprête à sélectionner : fait-il des bénéfices et combien, est-il en croissance molle ou forte, est-il en position de faire des acquisitions ou d’être acquis... Sur ce plan, les petits éditeurs ont très souvent du mal à être transparents !
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