Mais quel est le c… qui a donné les clés de l’hôtellerie à Google ?
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Ça fait des années que tout le secteur du tourisme et tout particulièrement de l’hôtellerie craint, à juste titre, la montée en charge de Google.
Il faut dire que l’absence quasi-générale de vision à moyen terme et encore moins à long terme bénéficie aux géants du net, surtout quand ils sont gentils ou font semblant de l’être.
Google Analytics, la clé de voûte de l’édifice
Quand le gentil Don Corleone Google donne accès à un outil de mesure du trafic gratuit en mode « c’est bon, mangez-en pour que je me gave », la meute suit aveuglément :
- les agences web ont plongé et ont surtout entraîné leurs clients, un nombre certain espérant secrètement qu’utiliser Google Analytics allait renforcer leur travail (enfin pour certains, ça ne s’appelle pas du travail mais juste de l’attentisme) de SEO
- les moteurs de réservation ont pour beaucoup plongé et n’ont autorisé sur leurs pages sécurisées (au moment de la collecte de carte de paiement) qu’un seul script de suivi, celui de Google. Attendez, pourquoi se faire c... à intégrer d’autres trackers ?
- là-dessus, les hôteliers indépendants ont suivi ce que tout le monde leur a recommandé, à savoir accepter l’aumône de Google
La CNIL s’en mêle - ajout du 10 février 2022
Saisie de plaintes par l’association NOYB, la CNIL, en coopération avec ses homologues européens, a analysé les conditions dans lesquelles les données collectées grâce à cet outil sont transférées vers les États-Unis. La CNIL estime que ces transferts sont illégaux et impose à un gestionnaire du site web français de se conformer au RGPD et, si nécessaire, de ne plus utiliser cet outil dans les conditions actuelles.
Extrait : ...En effet, si Google a adopté des mesures supplémentaires pour encadrer les transferts de données dans le cadre de la fonctionnalité Google Analytics, celles-ci ne suffisent pas à exclure la possibilité d’accès des services de renseignements américains à ces données...
Voir le communiqué officiel de la CNIL
Juste au cas où Google n’en aurait pas assez, donnons-lui GoogleMaps !
Même scénario pour la cartographie :
- les agences web ont foncé tête baissée
- les référenceurs aussi car leur boulot n’est pas le long terme mais juste survivre jusqu’au renouvellement de contrat
- et enfin, les hôteliers, les seuls qui ne soient pas professionnels de toutes ces technologies, ont suivi les conseils des « experts »
Lueur d’espoir : le fait que Google ait annoné que Maps devenait payant pour les pros risque de décourager certains webmasters près de leurs sous.
Qu’est-ce que ça veut dire ?
C’est simple : Don Corleone Google sait TOUT ce qui se passe sur vos sites :
- quel est le contenu des pages : ben oui, il a indexé vos sites et ses robots passent souvent, non pas pour vous faire plaisir, mais pour être sur de tout savoir
- comment arrivent les visiteurs quand ils ne viennent pas de Google
- quelles pages ils visitent
- quels éléments de la page ils regardent
- où ils quittent la page
- ce qui les fait cliquer
- ce qui les fait réserver
- où est l’internaute quand il consulte ces pages
Quand Google additionne ces données précieuses sur des centaines de milliers de sites d’hôtels à travers le monde aux données qu’ils collectent auprès de ses clients OTAs, on peut affirmer sans crainte que le plus grand connaisseur de la réservation hôtelière s’appelle Google, et ce dans chacune des rues du globe !
Un exemple d’outil de suivi : Matomo
Dans le monde du logiciel libre, Matomo, anciennement Piwik, n’est un secret pour personne.
Quand comme TendanceHotellerie depuis plusieurs années, on utilise Matomo, on se rend compte du volume impressionnant de données accessibles non pas le lendemain mais en temps réel. Le détail de ces données en comparaison à celle d’un Google Analytics fait penser à une voiture moderne avec tous les outils d’aide à la conduite alors que la majorité roule en 4L sans clim ni direction assistée, plafonnée à 110 sur l’autoroute en descente.
Quand on utilise Matomo ou autre outil moderne de statistiques à la place de Google Analytics, on se rend compte que Google ne propose pas que des outils super ergonomiques et faciles à utiliser : Google sait également produire des outils moyens !
Chuuuuut, les « gens qui savent » disent que c’est meilleur pour vous d’utiliser Google Analytics, alors surtout écoutez-les…
Mais surtout le principal avantage d’un outil qui n’est pas Google Analytics, c’est que Google ne sait pas ce qui se passe chez vous, enfin pas ce que fait un utilisateur dès qu’il est assez malin pour :
- ne pas être connecté à son compte Google, ou naviguer en mode confidentiel
- éviter le navigateur cafteur (Chrome NDLR) [1]
- éviter le système d’exploitation espion (Android NDLR)
D’autres outils existent pour les statistiques mais aussi pour la cartographie
Impossible d’en faire la liste exhaustive, néanmoins quelques secondes de recherche suffisent à identifier des noms d’outils de statistiques web.
Pour la cartographie, on peut citer sans rougir l’initiative OpenStreetMap qui fonctionne un peu comme Wikipédia : chacun alimente à hauteur de ses connaissances. Et heureusement, les « couillons » ont été nombreux à donner de leur temps et de leur savoir.
Bon alors komankonfé ?
Si vous voulez éviter d’être un jour sous domination totale de Google qui décidera, grâce à son intelligence artificielle à quel prix le client doit acheter sa chambre et fixera librement le montant de sa rémunération, alors il va falloir réfléchir 2 secondes et vous poser de vraies questions existentielles.
Votre moteur de réservation ne jure que par Google Analytics ? Alors faites le changer ou changez-en !
Votre agence web ne jure que par le bundle Google Analytics & Google Maps ? Alors faites la changer ou changez-en !
Conclusion
Les géants du web cherchent à imposer une logique de l’instant. Pourtant notre civilisation, la vie en général, l’économie réelle, l’immobilier, etc... ont des cycles qui se comptent en trimestres, en années, en décennies et même en siècles.
Céder au calendrier des sirènes du web n’est pas une solution pérenne. Au contraire, ça conduit tout droit vers le terrorisme de l’instant : on ne fait plus que gérer des urgences et éteindre des incendies de plus en plus rapprochés, sans aucun espoir de répit.
Être chef d’entreprise, c’est comprendre que ses choix impactent principalement ses salariés et leurs familles, ses actionnaires et aussi ses clients, et c’est surtout comprendre que prendre du recul est primordial.
Vous êtes libre, enfin pour l’instant...
[1] Il existe des navigateurs réellement indépendants et qui ne revendent pas vos données, par exemple Firefox
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