Yeah ! Booking a changé

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En décembre 2011, c’est à l’occasion de sa grand’messe annuelle à Las Vegas qu’Expedia annonçait être au service des hôteliers. Côté Booking.com, il aura fallu attendre mai 2016 pour voir fleurir une charte de bonnes pratiques. On peut dire qu’il s’agit d’un véritable progrès, car comme le dit le proverbe romain « Dans un voyage, le plus long est de franchir le seuil. »
Enfin…
Ceux qui depuis 2009 ont tenté de faire en sorte que les OTAs discutent doivent avoir le sentiment d’avoir atteint un premier objectif. Voici une photo prise lors d’une réunion de travail à propos des OTAS, à laquelle ne participaient quasiment que des patrons & représentants de chaînes hôtelières pendant Top-Résa 2009 à Paris.
Ce n’est pas par ce que l’UMIH a fait semblant de ne pas être au courant comme indiqué à l’AFP, qu’il n’y avait pas de discussions entre Booking.com et les syndicats patronaux. C’était un secret de Polichinelle.
Le GNI a largement contribué mais n’allez pas croire que ceci s’est fait contre la volonté de Booking.com. Bien au contraire, Booking.com a modifié sa stratégie et a compris, enfin !!!, que pour satisfaire les clients, il fallait agir de concert avec les hôtels et non pas leur imposer les choses. Quel changement ! C’est la preuve que les entreprises du web ne sont pas fermées, ne répondent pas à des dogmes immuables, et s’adaptent. #ThéorieDelEvolution
Que contient cette charte ?
Accessible en bas de page, cette charte porte sur 24 points.
Pas assez de points ? C’est évident !
Pas assez équilibrés en faveur de l’hôtel ? C’est évident !
Ce n’est que la première étape d’un nouveau chemin que Booking.com a décidé d’emprunter « main dans la main » avec les hôteliers. C’est le dialogue qu’il fallait instaurer, c’est fait. Alors il faut maintenir ce dialogue, il faut garder ces portes ouvertes, il faut continuer à apprendre et comprendre le métier de l’autre, il faut éviter les postures type CGT, il faut surtout éviter de se braquer de part et d’autre car ce qui compte au final, ce n’est ni l’avis de l’hôtelier ni celui de Booking.com, c’est celui du client et uniquement le sien !
Point notable : cette charte est actuellement disponible uniquement sur la France alors que depuis des années, Booking.com rabâchait sa volonté d’uniformité sur tous ses marchés. Preuve supplémentaire que cette barrière idéologique est tombée, les hôteliers peuvent désormais proposer des offres particulières sur certains marchés comme la Chine. De global, Booking.com devient local et c’est tant mieux pour les 3 parties : le client, l’hôtelier et Booking.com.
Booking.com s’occupe du paiement. Mais rien n’est figé ad vitam
Booking.com a récemment annoncé l’accompagnement des établissements dans le processus de paiement. Conçu au début pour permettre aux établissements qui n’acceptent pas la carte de crédit d’être malgré tout payés en ligne, Booking.com a sollicité les services d’une entreprise tierce dont le nom est à ce stade confidentiel afin de collecter le paiement en ligne en carte de paiement puis à envoyer un virement à l’établissement. Tout ceci pour un coût zéro (difficile d’y croire mais le service de presse de Booking.com ne parvient pas à infirmer).
Un système légèrement différent est mis en place pour les établissements qui acceptent déjà la carte de paiement : la carte de crédit du client est capturée par le prestataire « secret » de paiement qui émet immédiatement une carte de crédit virtuelle que l’hôtel pourra utiliser comme si c’était la carte « originale » du client. La sécurité d’une carte virtuelle est infiniment plus simple à contrôler que celle d’une carte « normale ». En effet elle est émise pour un marchand en particulier, ce qui veut dire que tenter de la débiter chez un autre marchand ne fonctionnera pas. Sur une carte virtuelle, on peut également bloquer le montant, autoriser ou non la pré-autorisation, autoriser un usage unique ou plusieurs usages, limiter la date de validité, etc… La carte de crédit virtuelle a été adoptée avec succès dans le monde du voyage d’affaires et Booking.com suit le mouvement, avec raison d’ailleurs.
Combien coûte ce service qui remplace la carte du client ? ZERO, c’est compris dans la commission versée par l’hôtel à Booking.com.
Est-ce que tous les hôtels peuvent y accéder ? Pour l’instant la fonctionnalité est ouverte sur certains marchés et uniquement sur certains plans tarifaires comme le NANR (non annulable, non remboursable).
Est-ce que c’est obligatoire ? NON. Quand elle est disponible, l’option est en « opt-in », ce qui veut dire que l’hôtel doit l’activer : pas de choix forcé.
Est-ce que c’est définitif ? NON. Booking.com est toujours en période de test sur le paiement et ses équipes continuent à analyser les comportements et les outils. A priori, Booking.com devrait avoir finalisé ses choix avant la fin 2016, dans 7 mois environ.
A ne pas oublier : les procédures de sécurité concernant le maniement des cartes de paiement se complexifient avec le temps et la détention en clair de coordonnées de cartes de paiement ne sera bientôt plus possible. Ça veut dire qu’il faudra soit utiliser un système sécurisé et crypté (et donc cesser de stocker les coordonnées complètes et non cryptées de carte de paiement), soit ne pas demander de carte de paiement en garantie. Vous pouvez râler, pester, hurler… mais le mouvement est en marche et ne dépend pas de Booking.com mais du consortium Visa-Mastercard-American Express et de ses normes PCI-DSS.
Question naïve : pourquoi Booking.com limite les paiements sur son site à ceux effectués en carte de paiement ? Il ne manque pourtant pas d’autres solutions de paiement instantané dans le monde. Les Pays Bas sont d’ailleurs en avance sur la France sur ce sujet des paiements alternatifs dont beaucoup sont également moins chers que Visa/MC/AMEX. Les FinTech (startup dans le monde de la finance/banque) pullulent dans le sillon d’un certain PayPal... #unjour
La messagerie automatisée
Comme annoncé dans l’article « Clients et hôtels sont désormais sous contrôle strict de Booking ! Mais c’est pour le bien des clients, si si..., Booking.com a mis en place un outil de messagerie que le client peut utiliser pour contacter l’hôtel et vice-versa. Un certain nombre de sujets ont été préprogrammés, un peu dans l’idée de FAQ, afin que la langue ne soit plus un problème.
Booking.com assure qu’il ne s’agit pas d’un chatbot (un robot de discussion). Néanmoins l’automatisation des processus et la traduction automatique en temps réel, même si elle est limitée à ce stade aux sujets préprogrammés, fait bien appel aux fonctionnalités d’un chatbot, certes basiques, enfin pour l’instant.
On entend déjà la question stupide « Est-ce qu’on peut communiquer une adresse email en clair dans la messagerie ? ». La réponse est OUI mais franchement à quoi est-ce que ça peut servir d’avoir l’adresse email ou le portable d’un client coréen à qui Booking.com fournit un outil de communication dans sa langue que le client utilise déjà dans sa propre langue ? Une fois qu’il a goûté, difficile de lui faire passer le goût et l’envie !
Au lieu de râler après Booking.com, les hôtels devraient chercher à s’équiper d’outils équivalents puis à les mettre en avant… Comme toujours il est plus facile de critiquer le premier de la classe que de se mettre à son niveau. Pour critiquer il suffit d’être fort en gueule, la preuve avec les évènements actuels en France. Pour être aussi fort, c’est une autre partie du corps humain qu’il faut solliciter : le cerveau, si possible en bande organisée, car ensemble on est bien meilleur que seul dans son coin.
Booking.com s’ouvre aux attractions/musées/activités
Dans sa perpétuelle (et efficace) recherche de la satisfaction des clients, Booking.com a lancé une phase de test afin de proposer aux clients, après qu’ils aient effectué leur réservation, des attractions/sorties…
Un test grandeur nature est en cours de lancement sur Paris. A ce stade, Booking.com ne prélève aucune commission sur ces activités. Une aubaine pour ces musées ou attractions ? En théorie oui, sauf que c’est Booking.com qui décide de qui est présent. Et puis attendons la fin de la période de test pour que Booking.com fasse le bilan, notamment financier, de cette fonctionnalité. Pour l’instant uniquement accessibles après la réservation, ces attractions pourraient bien évidemment être proposées en test pendant la période de réservation. A l’instar de chacune des améliorations du site Booking.com, la méthode A/B testing ou test & learn aura permis d’étudier en réel les avantages de l’une ou l’autre option. Encore une fois, c’est donc à la fin de ce grand test que les décisions seront connues, sans pour autant être définitives.
Un outil de big data GRATUIT dans BookingSuite
Gratuit dans sa version de base et à vie si souscrit rapidement, l’outil RateIntelligence permet à l’hôtelier d’accéder au bigdata de Booking.com : RateIntelligence préconise des tarifs aux hôtels. Pour ceux qui se souviennent de PriceMatch, RateIntelligence en est issu.
Malgré toutes les réticences que l’on pourrait entendre, ne pas souscrire à cette offre gratuite à vie, mais limitée dans le temps (et oui la souscription ne sera pas éternellement gratuite et les retardataires paieront alors que les précurseurs continueront à ne pas payer), reviendrait sans aucun doute à louper une opportunité. Pour celles et ceux qui ne voient pas comment ils pourraient agir sur leurs tarifs, c’est pourtant un outil de yield management pertinent et gratuit.
Pour un hôtel, accéder gratuitement aux données bigdata disponibles gratuitement (Booking.com, Expedia, SnapShot, etc...) permet de qualifier son positionnement tarifaire en fonction de son marché. Le métier d’hôtelier change, oui, et le monde n’attendra pas les retardataires.
Conclusion
Difficile de se satisfaire de cette charte mais surtout impossible de ne pas être content du changement de comportement de Booking.com. Yeah !
Si on interroge les consommateurs à propos de la différence entre Booking.com et Expedia, ce n’est pas sur ce statut légal d’agent de voyages que les clients exprimeront leur perception de la différence : ils parleront d’ergonomie, de parcours client, d’offres, de produits... En gérant la réservation, le paiement, la communication post-résa et l’emploi du temps du touriste, Booking.com est devenu une véritable agence de voyages aux yeux d’un client lambda. Et c’est bel et bien l’avis du client qui compte dans cette affaire ! Il ne manque plus qu’à régulariser la situation administrative, mais ceci ne changera plus rien à la position dominante de Booking.com : ce n’est plus qu’un simple détail.
La charte de bonnes pratiques de Booking.com
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