Planigo, Olotels, Amoma : c’est Google qui va payer la note ?

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A l’annonce de la sélection du distributeur en ligne Amoma par Google pour son produit « Book on Google » la semaine dernière à Dublin, on ne peut qu’être stupéfait. Google qui est pourtant la société qui détient le plus d’informations sur tout le monde a sélectionné l’entreprise à la destinée la plus sinueuse du marché. Bravo Google pour tant de perspicacité !
Allez M’sieur Google, on est pas rancunier alors on va vous aider à comprendre par qui vous vous êtes fait harponner : il suffit de prendre ceux qui ont planté Planigo, ceux qui ont planté Olotels, puis on met tout ce beau monde dans Amoma pour pouvoir choper les clients et même Google !
L’aventure Planigo, QC-NS, Aeromar
Qui se souvient de l’aventure Planigo dans laquelle des hôtels indépendants avaient été lésés à hauteur de 2,3 M€ lors de sa liquidation en février 2010 ? Alors lisez : le Tribunal Civil de Fribourg a prononcé la mise en faillite de la société QCNS INTERNATIONAL - ex-PLANIGO. La galaxie Planigo incluait les déclinaisons de Planigo en plusieurs pays (.fr, etc…) ainsi que FranceHotelReservation ou FHR. A cette époque, le président connu était Gilles Guyomard.
Aujourd’hui tous ces domaines sont disponibles à la vente et appartiennent (ou ont appartenu un certain temps) à un certain Mat Bailey, Ostrid Company dont l’adresse est 56 Upper Ground à Londres.
L’histoire de Planigo-QCNS-Aeromar aurait pu être une simple faillite. Le problème c’est qu’une société française QC NS, présidée par un certain David Ribeiro, avait été placée en liquidation judiciaire le 25 novembre 2004 : voir http://www.societe.com/societe/qc-ns-440070811.html
Quant à la société Aeromar, dont l’un des noms commerciaux était également Planigo, elle a été liquidée en 2011 : http://www.societe.com/societe/aeromar-402556856.html. Sa gérante était Josiane Marmontel. Voir une copie de la page de societe.com ici.
La lecture d’une vidéo de présentation de Planigo QC-NS de met en scène un certain Nicolas Ducloux à l’époque COO (Chief Operations Officer ou Directeur des Opérations) :
Enfin, un mémorandum d’information datant de la levée de fonds ratée de Planigo en 2008 donne énormément d’informations :
Les sources d’approvisionnement
On y lit page 12 : “Hotelbeds, Gulliver Travel, Turico, Travco, SkiHorizon, AlbaTravel, Jacob, Interhome, …).” ou page 20 “GTA, Hotelbeds, Ski Horizon, Boscolo (Italie), Happy Travel (Maroc), Creative Tours (Chypre)”
L’organigramme juridique
On y voit les liens entre la Suisse, la France et la Roumanie :
Les hommes clés dont David Ribeiro et Nicolas Ducloux.
Des explications sur sa technologie QUAD
Extrait : Quad est avant tout un outil de benchmark des fournisseurs hôteliers permettant de trier automatiquement l’offre la mieux adaptée à la stratégie du revendeur (Planigo, Agences de voyages, TO, affiliés Web et Web Travel Majors) sans contrainte technique ou normative et générant des économies pour le revendeur par rapport au modèle historique du marché BtoB.
Une autre présentation concomitante donnait plus de détails sur QUAD et sur sa faculté à scanner d’une part le meilleur prix d’achat mais aussi le prix de vente :
Prévisions
Quant aux prévisions qui représentent plusieurs pages de ce mémorandum, on y trouve des prévisions de résultats qu’ l’on retrouvera plus tard sur Olotels.
L’aventure Olotels
La belle histoire d’Olotels commençait le 6 juillet 2005, date de sa création au Royaume Uni par Nicolas Arthur, un ancien d’Amadeus à Sophia. A cette époque l’adresse officielle de Nicolas Arthur était 1 Allee Archimede, Valbonne, 06560, France.
Une capture d’écran disait d’Olotels « Le service d’une agence de voyage » sans en offrir aucune garantie : pas de licence, pas de garantie du consommateur alors que les fonds étaient encaissés à Hong Kong, un traitement des données en Roumanie (tiens tiens, ça ferait presque penser à Planigo)…
Dans ses documents annuels, on relève qu’Olotels Ltd a versé de grosses sommes d’argent (100 k€ en 2006, 481 k€ en 2007, 186 k€ en 2008, etc…) à la société ADNAYA SARL (nom commercial TPS TRAVEL PAYMENT SOLUTION), elle-même domiciliée 1 Allee Archimede, Valbonne, 06560 et dont, dixit les documents anglais, les dirigeants étaient les mêmes (entre Olotels Ltd et ADNAYA SARL NDLR) : Nicolas Arthur (gérant jusqu’au 21 octobre 2013) et Yann Arthur.
La société anglaise Olotels Ltd était placée en redressement en février 2012 puis liquidée en septembre 2013.
L’historique des enregistrements WHOIS montre que la propriété du domaine olotels.com a été transférée le 20 décembre 2011 depuis la société Olotels Ltd (cf. ci-dessus) à la société Global Travel Market Ltd à Room 1603, Tung Sun Commercial Center, 194-200 Lockhart Road, Hong Kong, Wanchai, HK. A ce jour, Global Travel Market Ltd en est toujours le propriétaire officiel.
Cette société Global Travel Market Ltd a été incorporée le 21 avril 2011 à Hong Kong sous le nom Olotels Limited puis son nom est devenu Global Travel Market Ltd le 15 juin 2011. Compte tenu de sa localisation, difficile de trouver des informations sur des directeurs. Sans être devin, on peut se douter de leur nom...
Aujourd’hui Olotels.com est inaccessible. Depuis décembre 2014, Olotels.com a cessé de diffuser des offres.
Allez, versons une petite larme pour cette malencontreuse faillite...
L’aventure Amoma
Initialement créée en SA sous le nom de TripOnline SA, la société a pris un nouveau nom et un autre statut en 2014 : AMOMA Sàrl. Son capital de 140.000 CHF se répartit comme suit :
- Arthur Nicolas, ancien gérant d’Olotels Ltd
- Arthur Yann, ancien gérant d’Olotels Ltd
- Dalaise Thierry, ancien Call Center Director d’Olotels
- Lelievre Pierre-Yves, ancien gérant de l’EURL AMOMA PAYMENT SERVICES dont l’actuelle gérante est Laetita Tabournel, également gérante de la SARL ADNAYA (cf. le paragraphe Olotels)
- Moldovan Mihaela, Deputy General manager Amoma depuis 2006 (et oui elle mélange Olotels et Amoma) et Supervisor QCNS
- Ribeiro David, COO Amoma, ancien Managing Director Olotels et “homme clé” de QC-NS/Planigo
- Roux Jakobus, Enterprise Architect Amoma,
- Straw Daniel, Enterprise Architect Amoma,
- Winckler Olivier, CFO Amoma.
Quant aux gérants, on prend les mêmes et on recommence : Arthur Nicolas et Arthur Yann.
Une sauvegarde de la page AmomaHolidays de 2013 donnait :
- la même adresse française qu’Olotels : 1 Allee Archimede, Valbonne, 06560, France que celle d’Olotels.
- la même adresse à Hong Kong que la société Olotels Limited devenue Global Travel Market Ltd : Our registered office is located at Room 1603, Tung Sun Commercial Center, 194 - 200 Lockhart road, Wanchai, Hong Kong.
Quant à l’adresse de Bucarest, elle ressemble à deux gouttes d’eau à celle de QC-NS :
- QCNS Romania SA : 8 Street General Ion Florescu, Secteur 3, 70000 BUCAREST
- Amoma : strada Ctin F Robescu Nr 11, sect 3, Bucuresti
Comparatif des salariés
Quand on regarde la liste des salariés Olotels sur Linkedin, on se rend compte que la liste des salariés « communs » à Olotels et à Amoma est longue, un peu longue pour une simple coïncidence (voir une courte liste ici.
En y passant plus de quelques minutes, on pourrait sans doute découvrir bien d’autres « coïncidences » que celles-ci :
Nicolas Ducloux : pas de bol d’avoir travaillé dans des sociétés qui font faillite à tour de rôle. En tous les cas, d’après ses patrons il ne méritait pas d’être actionnaire d’Amoma
David Ribeiro : une vraie carrière de champion, toujours dans les bons coups
Nicolas Quint : son profil fait une confusion opportune entre Amoma et Olotels
Produits & tarifs
Quand on regarde Amoma aujourd’hui et ce qu’était Olotels il y a quelques années, on retrouve le même travers, celui de l’affichage régulier de tarifs inférieurs à ceux des autres OTAs, brisant la parité des hôtels. C’est également ce que commençait à faire Planigo avant de sombrer.
Comment cela est-il possible ? C’est simple, Planigo puis Olotels puis Amoma achètent chez les grossistes et réceptifs à des prix imbattables. N’hésitez pas à lire ou relire Les petits malins de la distribution électronique hôtelière ou Suicide (tarifaire) en bande organisée.
Impossible de faire une recherche sur un comparateur sans voir Amoma s’afficher, là où Olotels était présent auparavant.
Comparatif des “termes et conditions”
Au jeu des 7 erreurs, on ne peut pas dire que les différentes soient flagrantes hormis les changements de société et d’adresse. Tout au plus correspondent-elles à l’évolution « normale » de conditions
Conclusion
Quel dommage que Don Corleone Google, divinité contemporaine du savoir, n’ait pas pris la peine de s’enquérir du passé ni repéré les imbrications malsaines entre les faillites de Planigo & Olotels et la toujours vivante Amoma. En tous les cas, si on oublie que ce sont les hôtels qui vont payer les pots cassés à la fin, c’est drôle de voir une des plus grandes entreprises du web se faire balader par une petite poignée de gens. Chapeau les gars !
Côté hôtels, il suffit de faire du ménage côté grossistes, soit en les mettant en demeure de ne diffuser les tarifs qu’auprès de canaux hors ligne ou de canaux privés, soit en mettant fin à la relation. Bien évidemment ce n’est pas facile et les grossistes sauront pleurnicher : les hôteliers qui ont un cœur ne priveront pas l’ainé (du grossiste NDLR) de son golf ni le p’tit dernier de son équitation. Une autre solution consisterait à contracter en direct avec Amoma ce qui ferait peser les probables problèmes de paiement sur l’hôtel et non plus sur le grossiste.
Les questions qui brûlent les lèvres sont pourtant beaucoup plus simples : pourquoi Amoma réussirait là où Olotels et Planigo ont fait faillite ? Quel sera cette fois le montant de la facture pour les hôteliers ?
Sur un simple plan de bon sens, pourquoi la justice n’a-t-elle jamais pris la peine d’étudier ces « coïncidences » purement fortuites ?
PS à destination des avocats qui pourraient être tentés de montrer leurs muscles
N’oubliez pas que les informations et les noms mentionnés ici sont publics. Si les personnes mentionnées ne souhaitaient pas voir leur profil diffusé, il leur suffisait de ne pas rendre leurs données publiques...
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