Rentrée 2015 de la distribution : le calme après l’énervement ?

Tweet |
Jamais l’actualité des OTAs n’a été aussi riche après l’accord devant l’Autorité de la Concurrence, le jugement contre Expedia puis enfin la Loi Macron au sujet de laquelle on ne peut pas vraiment s’extasier tant sa rédaction est approximative.
Rappel des avancées sur les contrats
L’Autorité de la Concurrence mettait fin à la parité tarifaire entre canaux tiers mais la maintenait entre le propre site web de l’hôtel et Booking.com. Le jugement du Tribunal de Commerce interdisait la parité de tarif mais pas celle de disponibilité tout en se limitant aux seuls hôtels mentionnés dans l’assignation d’Expedia par le Ministre de l’Economie. Puis est venue la Loi Macron dont la rédaction d’une part ouvre une ambiguïté quant à la qualification de l’expression « plateforme de réservation » et d’autre part isole la France du monde du Tourisme en exigeant la fixation du prix de vente final au client par l’hôtel, remettant en cause des décennies de fonctionnement du monde du tour operating. Chuuut, ce paragraphe est une avancée extraordinaire pour l’hôtellerie. Si si, on vous assure que ça va pérenniser l’activité hôtelière pendant plusieurs décennies.
Les ambitieux sortent du bois
La promulgation de la Loi Macron en août a réveillé les ambitions, le pompon revenant aux « vaches à lait des OTAs » en toute indécence en pleine VRAIE crise des agriculteurs. Côté syndicats, tant l’UMIH que le GNI ont joué leur rôle, à savoir émettre des courriers types et des recommandations à destination de leurs adhérents. C’est suffisamment rare pour être notable.
Le sondage réalisé récemment par TendanceHotellerie démontre qu’aucune entité n’a été investie du pouvoir suprême de négociation des hôteliers. A la question « Trouvez-vous ces entités en mesure de vous représenter ? » Fairbooking n’a spontanément convaincu que 17 % des hôteliers et on ne peut manifestement pas appeler ça un vote de confiance. C’est sur qu’en s’alliant par exemple aux 22 % des chaînes volontaires, les vaches pourraient beugler plus fort gagner en représentativité, d’où la réunion « secrète » de ce jour. Chuuut, mais tout le monde sera-t-il présent ?
Négocier ?
Si les hôteliers veulent vraiment négocier de nouveaux contrats, rien ne sera productif sans le soutien de TOUS les syndicats. Quant aux syndicats dont le risque d’enflement de cheville risquerait de survenir, rien ne sera productif sans le soutien des non syndiqués, des chaînes volontaires ni même de Fairbooking dont la collusion avec le GNI est pourtant flagrante.
Pour le dire autrement, chaque entité peut aller seule prendre le café avec les représentants des OTAs, tous bien élevés au demeurant. Hormis la quantité de sucre dans le café ou le nombre de biscuits, rien d’autre ne sera négocié. Alors qu’ensemble, d’une seule voix, le résultat pourrait être tout autre...
Côté OTAs, Booking.com se dit prêt à discuter avec des gens... intelligents (pas d’extrémiste ni d’énervé NDLR). Expedia ne reconnaît pas vraiment la loi Macron mais ne refuse jamais la discussion. Quant à HRS, la porte est ouverte comme elle l’a toujours été. C’est bien gentil de discuter du stage de poney du petit dernier, mais ce serait mieux si de vrais changements survenaient.
En tous les cas, construire une nouvelle relation autour d’un nouveau contrat suppose que chacune des deux parties y mette du sien. Les hôteliers peuvent toujours essayer d’envoyer un avenant aux OTAs en disant « si tu contestes pas dans les 15 jours, c’est que c’est tout bon »... sauf que le père Noël n’existe pas.
Les news côté OTAs
Maintenant que des hôteliers américains ont dénoncé la reprise d’Orbitz par Expedia devant l’anti-trust américain, personne ne connaît l’issue de cette potentielle fusion créant un duopole. A force de faire attendre le duopole existera non pas par fusion Expedia-Orbitz mais par décès du 3e acteur, en l’occurrence Orbitz.
En achetant l’australien AS Digital opérant notamment bookarestaurant.com, Priceline, maison mère de Booking.com, renforce ses positions sur la réservation de restaurant qu’elle occupe déjà avec OpenTable. Ah la la ces restaurateurs qui ne voient pas se reproduire avec eux mais à plus grande échelle ce que les hôteliers ont expérimenté.
Par un communiqué de presse publié à 18h31 le 14 septembre, l’association européenne des services de technologie et de voyage (ETTSA) a annoncé le dépôts de plaintes de ses membres opérateurs de voyage auprès de la commission européenne contre la Loi Macron : contenu intégral ici
La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf : TripAdvisor
Poids plume sur le plan du chiffre d’affaires en comparaison à Priceline et Expedia, TripAdvisor qui lorgnait les résultats de ses « partenaires » se met désormais à faire le même métier, à savoir enregistrer la réservation sur son site au lieu d’envoyer l’internaute la conclure ailleurs. Son modèle de commission est quand même un modèle du genre : à 15 % de commission, un hôtelier ne voit son offre affichée que dans 50 % des cas.
Le côté rassurant de cette histoire, c’est que la Loi Macron s’applique désormais à TripAdvisor. Encore faut-il que les hôteliers ne signent pas n’importe quoi...
Quant au énième faux point de vente bien classé sur TripAdvisor, après un faux restaurant italien en juillet, c’est un faux restaurant que les journalistes de France2 ont réussi à créer à Paris. Classé 113e sur 13.000, on pourrait croire que les journalistes ont fait du zèle. Mais non : quelques bons commentaires et hop. TripAdvisor ne reconnaît aucune faille mais vilipende les très vilains journalistes qui ont fait leur travail, eux. Et la marmotte...
Le cas d’école : Accor Hôtels
Quant à Accor qui fanfaronnait récemment sa volonté de contrer Booking grâce à Fastbooking, son contrat ferait rire s’il n’était à pleurer :
commission facturée sur le TTC. Quelle honte de la part d’un hôtelier !
clause de brandjacking noyée au milieu du contrat et impossible à décocher. Circulez, ya rien à voir...
impossible de connaître ni même avoir un droit de regard sur les affiliés. Vous voulez des clients zut ou crotte ?
aux 14 % de commission, si on y ajoute les 5 % du programme de fidélité (à Accor, pas aux indépendants NDLR) on arrive à 19 %. C’est plus que Booking mais au moins ça reste en France alors bon sang, soyez patriotes !
ah oui, on peut faire baisser les 14 % en 12 % si on utilise un autre produit Fastbooking : moteur de réservation, channel manager, site web, TPE, compte bancaire, ah non pas les deux derniers, enfin pas encore. C’est cool parce qu’à 17 % (12+5) qui restent en France ne l’oublions pas, les clients seront fidèles à... Accor.
Accor n’aime pas être le gibier des OTAs mais se comporte en prédateur avec les hôtels indépendants. C’est toujours plus facile de copier que d’innover !
Conclusion
Qu’il est long le chemin qui va conduire les hôtels à se regrouper, à agir dans le même sens, hors des sempiternels concours de celui qui pisse le plus loin. C’est très rassurant pour les ogres du web car pendant ce temps là ils ont le champ libre...
Si vous copiez cet article, n’oubliez pas d’insérer le lien vers sa source : http://suiv.me/5188
Dans le cadre strictement privé (voir les CGU) de la reproduction partielle ou intégrale de cette page, merci d’insérer la marque "TendanceHotellerie" ainsi que le lien https://suiv.me/5188 vers sa source
ou le QR Code accessible à l'adresse https://suiv.me/5188.qr . Voir le mode d'emploi. |
Recommander cette page
Tweet |
Les commentaires