Booking plus fort que la loi Macron, (Fair)Booking oublie le fair = vive la cacophonie !

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Correctif à 17h50 le 7 août : la loi Macron a été promulguée par le président de la République. Ceci veut dire que les OTAs n’ont plus le droit de vendre vos chambres (cf. notre article sur la loi Macron) ! L’article reste inchangé sur le reste...
A peine les articles de la loi Macron concernant les hôtels validés le 6 août par le Conseil Constitutionnel, Booking.com dégaine le 7 août un avenant au contrat (cf. avenant intégral en bas de page).
Booking.com plus fort que la loi Macron !
C’est une mauvaise habitude qu’ont pris les multinationales du web, celle de se croire au-dessus des lois. Booking.com stipule dans on paragraphe MANDAT : "Nous ratifions et confirmons par la présente que notre relation avec vous est celle d’un mandat par lequel nous agissons en tant que votre agent (mandataire) dans le processus de réservation, aux termes et conditions de l’Accord.« Le »problème« , c’est que la loi Macron dit de manière simple et limpide : »Les contrats entre hôteliers et plateformes de réservation en ligne conclus antérieurement à la présente loi cessent de produire leurs effets dès l’entrée en vigueur de la présente loi."
Que Booking.com le veuille ou non, ses anciens contrats ne seront plus valables dès l’entrée en vigueur de la loi Macron, dans un délai maximum de 15 jours suivant la transmission du texte au gouvernement. Le décret d’application pourra éventuellement fixer un délai permettant aux parties d’avoir le temps de se mettre d’accord, mais rien n’est garanti surtout en période estivale.
Un avenant ne peut pas être un nouveau contrat car un contrat, ce qu’impose la loi, ne se contente pas d’un « si tu dis pas que t’es pas d’accord dans les 15 jours, c’est bon ».
Il y a donc obligation de signer de nouveaux contrats de mandat, manuscrite ou électronique.
Côté syndicats hôteliers ?
Commençons par le principal syndicat où c’est le calme presque plat depuis plusieurs semaines. Mis à part l’envoi début juillet des documents suivants à ses adhérents, RAS :
- un mode d’emploi pour mettre en œuvre les engagements de Booking.com ou Expedia auprès de l’Autorité de la concurrence : cliquer ici pour y accéder
- un flyer pour les clients « Pourquoi une meilleure offre à l’hôtel ? » : cliquer ici pour y accéder
Ces deux documents sont plutôt bien faits et clairs. Dommage que l’UMIH n’en ait pas fait de tapage médiatique.
Côté GNI, deux évènements un peu plus médiatisés :
- la production d’une vidéo intitulée « Le dictionnaire Franco-OTAs : comprendre les modifications de collaboration avec Booking et Expedia »
- la reprise d’un document de l’HOTREC de 2012 (cf. HOTREC publie sa liste de 19 bonnes pratiques de la distribution électronique hôtelière) mis au goût du jour 2015. Cliquez ici pour télécharger la Charte 2015 de la distribution entre hôteliers et OTAs
Rien que des bonnes choses côté syndicats, en tous les cas des choses qui aident leurs adhérents, et même au delà. Bravo !
Côté hôtels ?
C’est un peu le calme plat du côté des hôtels indépendants ou des chaînes. Chez les indépendants, peu ont compris que la loi imposait le passage par la case nouveau contrat. Sans doute un défaut de communication des syndicats à leurs adhérents. Ceci dit, rien de bien étonnant quand on regarde ce qui se passe depuis 15 ans : les indépendants sont incapables de se fédérer en masse.
Le cas ReservationEnDirect alias (Fair)Booking
L’association ReservationEnDirect avait été créée en 2013 afin d’une part de mettre fin aux pratiques abusives des mastodontes du web, et d’autre part éduquer hôteliers et clients à réserver en direct.
Début 2014, l’association a hérité du projet FairBooking qui après des débuts prometteurs est resté en quasi jachère jusqu’à récemment. Pour qu’un tel projet avance, il faut un conseil d’administration qui avance également et de ce côté-là, c’était mou ou disons mollasson, les quelques personnes motivées étant rapidement démotivées par l’absence de décisions et d’idées.
Il a fallu des efforts extraordinaires des quelques salariés et des désormais rarissimes bénévoles de l’association pour passer le cap des 2.000 adhérents professionnels de l’hébergement en juillet 2015, là où Booking en rassemble plus de 20.000.
Début 2015, l’ancien président démissionne, un nouveau est nommé en la personne de Pascal Droux. Sans remettre aucunement en cause l’homme qui a prouvé sa capacité à mener ses affaires avec brio en respectant au quotidien son personnel et ses clients, c’est sa double casquette secrétaire général du GNI et président de ReservationEnDirect qui risquait de poser un vrai problème de conflit d’intérêt.
Août 2015, le conflit d’intérêt est avéré et sérieux. En effet, la communication de la Charte 2015 de la distribution entre hôteliers et OTAs du GNI est faite par un communiqué commun GNI & ReservationEnDirect.
En complément, ReservationEnDirect lance un mouvement appelé « Les Vaches à lait des OTAs » avec une pétition, un site web, une page Facebook :
Cette campagne « Les vaches à lait » pose plusieurs problèmes :
- En plein contexte de crise agricole, emprunter aux paysans une de leurs expressions alors que les hôteliers sont à des années lumières de la précarité des paysans français n’est pas éthique et donc pas « fair »
- ReservationEnDirect et FairBooking se sont toujours abstenus de mêler les clients aux problématiques contractuelles des hôtels avec les OTAs car les clients n’en ont strictement rien à faire. Booking et les OTAs sont aussi pratiques que les hypermarchés et à part construire un autre hypermarché meilleur marché et au moins aussi pratique que les autres, rien ne va faire bouger l’immense majorité des clients. Mêler les clients à cette démarche est inapproprié et certainement contre-productif, surtout si les clients comparent la situation des hôteliers à celle des vrais paysans dont le prix de vente du lait ne couvre même pas les frais de production
- La collusion GNI-RED est encore plus malsaine. En tous les cas, elle prive RED des adhérents UMIH qui ne se retrouvent pas dans le GNI pour X raisons. Pour RED, s’allier au GNI c’est se tirer une balle dans le pied.
Mais dans quel but ? RED s’est mis en tête d’être la seule entité qui négocierait avec les OTAs. Pour négocier, il faut d’une part en être mandaté par les hôtels et d’autre part que les OTAs soient disposés à négocier. Seul le nombre peut aider les OTAs à « devenir raisonnable ». Le problème c’est qu’en se privant des adhérents UMIH et des hôteliers anti-syndicat, le mouvement est sérieusement handicapé. Côté chaînes hôtelières volontaires, les expériences de 2009 et 2010 ont tourné court dès l’entrée en jeu des syndicats hôteliers. Bref les chaînes risquent de voir d’un très mauvais œil la récupération politicienne du mouvement par un syndicat, qui plus est pas le plus représentatif en France. Voici une photo prise lors d’une réunion de travail à propos des OTAS, à laquelle ne participaient quasiment que des patrons & représentants de chaînes hôtelières pendant Top-Résa 2009 à Paris.
Quand FairBooking utilise un nouveau logo qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de Booking.com : quasiment la même police sauf l’arrondi du « B », mêmes couleurs que celles de Booking.com, on se dit que FairBooking fait à Booking.com ce qu’il lui reproche : l’usurpation. Pas ’fair" du tout !!!
à comparer à
Conclusion
La négociation avec les OTAs, si elle finit par avoir lieu, risque d’être compliquée si les hôteliers ne se mobilisent pas eux même. Que les syndicats hôteliers donnent un coup de main logistique est une chose, que le mouvement soit piloté par les syndicats ne mènera qu’à la même chose que d’habitude : un concours de « moi je »...
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