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dimanche 28 mai 2023

Tempête judiciaire sur l’Hôtel du Cap-Eden-Roc, l’ancien directeur du palace, Jean-Claude Irondelle a été convoqué, par un juge pour des soupçons de détournements de fonds

 

Après le départ à la retraite, fin 2005, de son directeur général, Jean-Claude Irondelle, la nouvelle direction (mise en place par le groupe allemand Oetker, propriétaire de plusieurs établissements de luxe comme le Château Saint-Martin & Spa, à Vence, ou l’Hôtel Le Bristol, à Paris) a découvert de nombreuses malversations dans la gestion de l’établissement. Un hôtel où, jusqu’en 2005, toutes les prestations étaient réglées en espèces ou provisionnées d’avance par virement. Le préjudice total, qui n’est toujours pas précisément estimé, se chiffrerait en millions d’euros.

En juillet 2006, l’actuelle direction déposait une plainte contre X pour « vols et escroqueries en bande organisée, abus de confiance et abus de biens sociaux » auprès du tribunal de grande instance de Grasse (Alpes-Maritimes).

Quatre ans plus tard, Jean-Claude Irondelle a été convoqué ce 1er juillet devant Didier Guissart, juge d’instruction à Grasse, qui souhaite l’entendre dans le cadre d’une information judiciaire. L’ancien président du directoire de la SA Hôtel du Cap-Eden-Roc est convoqué sous le régime de témoin assisté.

Lors d’un bref entretien téléphonique, Jean-Claude Irondelle, qui vit aujourd’hui dans une luxueuse villa à un jet de pierre de l’Eden-Roc, a confirmé cette semaine au JDD que cette convocation, de même que son audition « il y a quatre ans » par les services financiers du SRPJ de Nice. « J’ai fait la réputation de l’Eden-Roc, et toutes les accusations portées contre moi sont totalement fausses », estime l’octogénaire, qui voit dans celles-ci un « coup de poignard dans le dos porté par [mon] successeur ».

L’audition doit, espère-t-il, mettre « un point final à cette affaire » et lui permettre, enfin, de percevoir les 460.000 € d’intéressement sur son dernier exercice comptable, placés sous séquestre judiciaire. L’ancien patron de l’Eden-Roc ajoute qu’il a obtenu en 2005, au terme de ses cinquante et un ans de travail au sein de l’établissement (dont trente-cinq à sa tête), des félicitations écrites du groupe Oetker. Un groupe qui, intrigué par le contenu de plusieurs lettres anonymes, a néanmoins commandé dès le printemps 2006 un audit sur la gestion du très chic palace de la French Riviera.

Très vite, des dysfonctionnements dans la gestion de l’hôtel auraient été relevés. « Tous les processus paraissaient avoir été conçus par et pour Jean-Claude Irondelle », explique Me Jean-Jacques Rinck, avocat lyonnais de l’Eden-Roc. L’une des habitudes du directeur était, semble-t-il, de tout facturer. L’accès à la piscine, 70 €. Un matelas au bord de l’eau, Idem. La chaise supplémentaire, 30 €, rapportait en 2006 l’hebdomadaire Marianne, en soulignant le tarif des glaçons, facturés 15 €.

Pour le conseil de l’Eden-Roc, « l’absence d’une véritable informatisation et le mode de fonctionnement de l’établissement, avec un volume très important d’argent liquide, ont permis la mise en place de ce qui pourrait être une organisation parallèle frauduleuse ». Selon l’audit, le préjudice provisoire pour les seuls exercices comptables de 2003 à 2005 dépasserait les 750.000 €. Avant de quitter l’établissement, Jean-Claude Irondelle, qui a perçu une indemnité de départ à la retraite de l’ordre de 670.000 €, aurait passé d’importantes commandes suspectes auprès de fournisseurs.

Toujours selon cet audit, l’Eden-Roc, dont la suite présidentielle se loue pas moins de 4.000 € la nuit, était en « coupe réglée », avec l’indispensable complicité de personnels à des postes clefs, et cela depuis de très nombreuses années. Les montants mentionnés sur les factures et payés par les clients étaient plus élevés que les entrées d’argent portées dans la comptabilité. Selon les enquêteurs mandatés par le groupe Oetker, plusieurs villas, situées en dehors du domaine de 9 hectares, étaient par ailleurs louées avec tous les services (livraison de linge, décoration florale, personnel, repas, service) fournis par l’hôtel et bénéficiaient d’un système d’exploitation occulte, sans aucune facture.

Et en 2008, l’Eden-Roc s’est vu signifier un redressement fiscal qualifié de « très important » à la suite des recettes dissimulées et a dû réévaluer à la hausse l’intéressement du personnel sur les résultats d’exploitation en prenant en compte les recettes dissimulées. « Les seules victimes sont la société Hôtel du Cap-Eden-Roc et son personnel », précise Philippe Perd, l’actuel directeur du palace ouvert de mi-avril à mi-octobre et employant 260 salariés. Sereinement, il attaque l’été 2010, certain que ces petits remous ne sauraient émouvoir sa prestigieuse et très discrète clientèle.

Source : Le JDD

Hôtel du Cap-Eden-Roc, propriétaire du groupe allemand Oetker

 
 
 
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