Liquidation Thomas Cook : le groupe Soleil Vacances montre l’exemple !
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Ne pas être au courant de la faillite du TO anglais Thomas Cook est mission quasi impossible tant la couverture média est impressionnante et le relais sur les réseaux sociaux puissant. On parle d’environ 10.000 ressortissants français concernés.
Face au constat de la liquidation brutale de Thomas Cook, de très nombreux professionnels du tourisme ont pris les clients en étau, parfois en otage, afin de leur faire payer sur le champ le séjour qu’ils avaient déjà payé.
Quelles conséquences pour les clients ?
Elles diffèrent suivant que le client a acheté une prestation sèche ou des prestations combinées. Dans le premier cas, il n’est pas couvert et aura peu de chances de récupérer son argent.
Dans le second cas, le fonds de garantie le remboursera.
L’exemplarité du groupe Soleil Vacances
Le groupe Soleil Vacances a fait le choix de maintenir le séjour des clients en cours. Dans un communiqué, Vincent Muller, directeur général du groupe Soleil Vacances, déclare : « Nous avons pris la décision de maintenir la prestation jusqu’au terme du séjour initialement prévu pour chacun des clients de nos hôtels et résidences, bien que nous ayons parfaitement conscience que les règlements ne seront pas honorés. Malgré cette situation financièrement embarrassante pour Soleil Vacances, nous n’avons pas souhaité pénaliser les clients présents et avons voulu rester fidèles à nos engagements à savoir mettre tout en œuvre pour satisfaire notre clientèle » . Ceci ne concerne que les séjours en cours, soit environ 15 k€ sur un encours total de 350 k€ répartis sur plusieurs de ses établissements pour des séjours passés, principalement sur l’été 2019.
Il y a sans doute d’autres hôteliers qui ont sciemment maintenu le séjour en cours de leurs clients, ce qui aura un impact sur leur compte de résultat de quelques centièmes ou dixièmes de %, pas de quoi couler leur entreprise. Si on veut parler chiffres, ce très léger manque-à-gagner devrait avoir un retour sur investissement significatif avec une fidélisation d’une partie des clients et un bouche-à-oreille conséquent. Si on se souvient que les clients sont des humains avant d’être des comptes bancaires, la conscience de chaque patron devrait en principe s’exprimer...
Qu’est-ce-qui a conduit à la liquidation de Thomas Cook ?
Il est à ce stade toujours difficile d’affirmer de manière certaine ce qui est la cause de cette liquidation. On sait que le groupe faisait face à de gros problèmes de trésorerie.
Interrogé sur les raisons de ces problèmes de trésorerie, George Lawrie, Vice President & Principal Analyst de Forrester Research déclare : "Thomas Cook avait une dette importante dans son bilan et le cours des actions est en forte baisse depuis 2011. L’une des principales raisons : elle pensait devoir posséder des actifs pour faire de l’argent. Les acquisitions réalisées depuis 2008, dont Hotels4U, Elegant Resorts et Gold Medal International, ainsi qu’un investissement significatif pour la reprise de la licence d’exploitation de la marque Thomas Cook au Moyen-Orient et en Asie, ont nécessité l’engagement de dépenses importantes depuis dix ans. Il s’agissait d’une entreprise à forte intensité d’actifs dans une économie numérique à faible intensité d’actifs."
"Autre problème : il y a aussi eu des erreurs évidentes d’appréciation commerciales. Par exemple, en 2009, Thomas Cook a signé un contrat avec Octopus Media Technology pour héberger, télécharger et fournir un lecteur vidéo en ligne pour Thomas Cook TV. Au printemps de la même année, Thomas Cook UK a signé un accord avec le fournisseur international de divertissement, The E3 Group, pour fournir exclusivement du divertissement au groupe. Le leadership doit avoir cru que l’intérêt des médias était le divertissement lorsque les entreprises autochtones numériques fondées à l’ère du e-commerce savent que le rich media offre des expériences contextuelles sur le parcours d’achat (mobile) du consommateur. Les vacanciers modernes sont gâtés par les services de voyage en ligne qui utilisent le rich media pour les aider à assembler leur propre choix de voyage en avion, hôtel, location de voiture et expériences en utilisant leurs propres appareils mobiles, ce qui leur permet de partager des photos, par exemple, avec leurs amis et famille avant de faire la réservation."
"Dans un marché aussi concurrentiel, les entreprises qui portent le niveau d’endettement de Thomas Cook ne peuvent résister à une baisse des ventes. Il semble s’agir d’un cas de boulimie financière, c’est-à-dire d’une expansion au-delà de ce que les fonds propres peuvent soutenir." Pour cette dernière partie, le texte anglais est “In such a competitive market, companies carrying Thomas Cook’s level of debt cannot withstand any decline in sales. This appears to be a case of ‘over-trading’ – expanding beyond the level of trade that equity can support.”
Les autres faillites du secteur
L’actualité de cette rentrée est chargée avec deux compagnies aériennes, XL Airways et Aigle Azur, mais aussi Amoma dans l’hôtellerie. Pour Amoma, la couverture médiatique est très légère alors que ses dirigeants n’en sont pas à leur coup d’essai.
Pour la partie aérienne, les voix sont nombreuses à demander la création d’un fonds de garantie. Le monde des intermédiaires du tourisme ne vendant qu’une prestation sèche ne sont couverts par aucun fonds ni garantie, alors que ceux vendant des prestations combinées le sont.
Conclusion
On entend déjà les hôteliers dire « zavez ka rézerver en direct » sans se rendre compte qu’ils ne sont qu’un maillon d’une chaîne du voyage légèrement plus complexe, ou que le client a des besoins et/ou contraintes.
La preuve, les clients ayant réservé en direct chez XL Airway se sont quand même retrouvés sur le carreau !
Ce qu’on pourrait attendre serait une vraie réflexion de fond avec tous les types de prestataires impliqués dans le tourisme et pour laquelle les décisions annoncées en réunion n’auront pas été préparées dans un obscur cabinet ministériel où un ou des lobbies seront venus dicter leur desiderata. Un exemple ? La Loi Macron sur la parité est un concentré d’inculture de l’écosystème touristique particulièrement gratiné, préparé à la va-vite par des syndicats hôteliers.
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