Abritel-HomeAway vs. syndicats : réalité vs. dinosaures ?

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Apparemment les hôteliers - et à priori leurs représentants également - n’avaient pas connaissance de l’Euro2016 en France au début de l’été 2016. Dommage qu’ils n’aient découvert cette manifestation que tardivement car d’autres acteurs du tourisme ont pris les devants, à moins que ce ne soient les organisateurs de l’Euro2016 eux même.
A-t-on vu des hôteliers se rassembler avec d’autres types d’hébergements afin de proposer aux organisateurs de l’Euro des outils de réservation simples et modernes ?
A-ton-vu des hôteliers se rassembler et mettre en place une charte de bonne conduite afin d’éviter des augmentations de prix allant jusqu’à 600 % ?
Non, on a juste entendu hurler au loup parce que les organisateurs de l’Euro ont signé un partenariat avec Abritel-HomeAway, filiale du groupe Expedia, afin d’anticiper d’une part la pénurie prévisible d’hébergements et d’autre part d’éviter les prix démentiels.
On pourrait presque croire que le coup de gueule est l’expression du regret de ne pas pouvoir se gaver autant qu’on en avait l’habitude avec des prix multipliés par 5, 6 ou 7. Mais non, les dinosyndicats n’ont pour seul intérêt que les rentrées fiscales de l’état. Ouf, on est sauvé !
Euh... comment fonctionne Abritel-HomeAway ?
Abritel-HomeAway est un hybride entre l’annonce pur style LeBonCoin et le site tout intégré comme AirBnB ou TripAdvisor-HolidayLettings.
En effet, un propriétaire dépose une annonce sur Abritel et peut choisir son modèle économique :
un abonnement annuel lui permettant de diffuser son annonce : dans ce cas, le contact se noue directement entre propriétaire et client
une commission de 10 % : dans ce cas la réservation passe fatalement par Abritel et de facto les flux financiers également
Dans le cas d’une annonce libre, Abritel propose néanmoins d’être l’intermédiaire de paiement entre les parties, moyennant une commission réduite couvrant les frais bancaires.
Comment Abritel pourrait-il être responsable de la collecte de la taxe de séjour quand la réservation s’effectue en dehors de ses tuyaux ? Pourquoi les dinosyndicats n’attaquent-ils pas LeBonCoin dans cette affaire car il est évident que bon nombre d’arrangements y prendront naissance ? Pourquoi n’attaquent-ils pas TripAdvisor qui se fout de la g... du monde depuis plus de 15 ans ?
A ce titre, Abritel est infiniment plus avancé qu’AirBnB (hors Paris) ou TripAdvisor quand on aborde le sujet de la taxe de séjour :
Abritel permet au propriétaire de paramétrer réellement la taxe de séjour (copies d’écran réalisées grâce au propriétaire d’une maison en Bretagne, propriétaire qui s’acquitte de la taxe de séjour et des impôts sur ses revenus locatifs) :
Côté TripAdvisor, c’est presque risible :
Chez AirBnB, hormis à Paris où la taxe est réellement paramétrable, voici ce qu’on peut paramétrer :
A ce jeu, Abritel paraît prêt à collecter la taxe de séjour quand une réservation ou un paiement passe effectivement par ses tuyaux. AirBnB le fait à Paris et pourrait fort bien le faire dans tout l’hexagone. Quant à TripAdvisor, l’imposture continue.
Le service de presse d’Expedia assure que des négociations sont en cours avec plusieurs municipalités.
La bataille des études
Suivant le commanditaire d’une étude, les résultats sont différents et les analyses encore plus, quand elles ne sont pas farfelues. Il faudrait peut être qu’on utilise les mêmes données quand on fait semblant de mesurer mesure l’impact de ces logements sur l’hôtellerie !
Dans l’hôtellerie, on a pris l’habitude d’utiliser l’indicateur « RevPar » acronyme de « revenue per available room », que l’on traduit plus justement en français « revenu par chambre construite ». Pour un hôtel de 50 chambres, le nombre de chambres annuel est donc de 365 fois 50, soit 18.250 chambres.
Quand on parle d’AirBnB, il suffit qu’un appartement soit disponible une seule nuit dans l’année pour qu’il soit comptabilisé comme « disponible » et qu’on le compare à une chambre d’hôtel disponible 364 plus souvent dans l’année.
Quand va-t-on avoir une étude qui tienne réellement compte du nombre de nuitées pendant lequel un logement est réellement disponible à la location touristique ?
Comankonfé alors ?
Il serait peut être temps de cesser les guerres qui ne conduiront à rien d’autre qu’à la destruction d’un grand nombre d’hôtels. Il serait peut être temps de collaborer avec les autres formes d’hébergement, celles dont les propriétaires respectent une réelle éthique. En proposant des offres différentes (et éthiques) sur les mêmes supports, le client pourra faire son choix et à prix équivalent devrait favoriser la filière qui collabore réellement à son économie locale ou nationale.
Marginaliser les fraudeurs (en ne les affichant pas) est bien mieux perçu par le public qu’une attaque frontale qui mélange tout et attaque de facto des propriétaires respectueux. Voltaire ne disait-il pas « Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. » ?
Au passage, il faudrait aussi rappeler aux hôteliers parisiens comment doit se facturer la taxe de séjour. Le paragraphe « Hypocrisie... envers les taxes » de l’article Hôtelier et Hypocrisie, n’y a t’il que le « H » en commun ? apporte pourtant des réponses concrètes à ce sujet.
Mais au fait, si la vague de l’économie collaborative et de l’économie locale sont si « trendy », pourquoi les hôteliers sont-ils si marginaux à proposer des produits locaux ? Pourquoi trouvent-on en juillet des fruits en boîte de conserves au petit-déjeuner ? Pourquoi ne trouve-t-on que rarement des produits complets ou sans gluten alors que cette tendance est un ras-de-marée dans les supermarchés ? Pourquoi les labels « bio » ne sont-ils pas présents ni mis-en-avant (œufs, produits laitiers, fruits, etc...) ? Pourquoi la charcuterie est-elle industrielle ? N’a-t-on pas suffisamment de terroirs, de savoirs-faire, et de saveurs fantastiques à mettre en valeur ?
Conclusion
Tous les propriétaires de logements ne sont pas des fraudeurs. Tous les propriétaires d’hôtels ne sont pas des fraudeurs. Tous les garagistes ne sont pas des voleurs. Tous les coiffeurs ne sont pas gays, même si un tribunal a récemment réussi à faire cet amalgame émétique.
L’avenir se construit avec, pas contre. Du côté du pouvoir politique, gérer les guerres et favoriser l’un des acteurs au détriment des autres est un jeu pourri qui ne conduit qu’à des frustrations. Si l’on veut que la politique change, peut-être faudrait-il changer notre rapport avec la politique et proposer au lieu de revendiquer !
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