Radisson Blu Cannes : le PSE proposé par la direction refusé par le CSE et une mobilisation des salariés le 2 novembre
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Situation inextricable au premier abord au Radisson Blu 1835 Hotel & Thalasso de Cannes, un hôtel 5* avec l’une des plus belles vues de Cannes, si pas la plus belle.
Comme tous les établissements cannois, tout particulièrement les 5* et palaces, la situation économique est très préoccupante. Cannes vit essentiellement du MICE hormis les mois d’été où la clientèle internationale compense l’absence de MICE. Plus le nombre d’étoiles est élevé, plus la clientèle est internationale. En période de fermeture des frontières, les clientèles qui remplissent habituellement les hôtels de luxe de la Côte d’Azur font défaut : Etats Unis, Moyen-Orient, Russie, sans oublier l’Europe et l’Asie.
Contacté par téléphone, le directeur du Radisson Blu Cannes, Jean-François Chapel (JFC), évoque une baisse de 80% du chiffre d’affaires 2020 par rapport à celui de 2019, une baisse de 40% du CA sur juillet-août, un TO de 30% en septembre et 20% en octobre, etc... obligeant la direction à prendre des décisions lourdes de conséquences.
Fermeture du centre de thalassothérapie
Parmi les premières décisions, le groupe qui exploite cet hôtel ainsi que les Holiday Inn de Saint Laurent du Var et Nice, celle de fermer un des départements les plus couteux, le centre le thalasso, a été prise. Ce service emploie 25 des 82 salariés de l’établissement.
JFC a indiqué de déjà en temps normal, ce département est loin d’être l’un des plus profitables de l’entreprise alors qu’il est pourtant un élément décisif pour faire séjourner bon nombre de clients. En période de pénurie de clients, ce département est uniquement un centre de coûts.
Très forte diminution du département F&B
Là également, la pénurie de client a obligé la direction à limiter le F&B au petit déjeuner et au room service.
Environ 30 personnes à « licencier » entre le F&B, l’hébergement, le commercial et l’administratif
Si on enlève le département thalasso et ses 25 salariés,le solde de salariés que la direction souhaite voir partir est de 31.
Fermeture de l’établissement pour plusieurs mois
Compte tenu du couvre feu et maintenant du reconfinement, le Radisson Blu Cannes a fermé le 1er novembre au lieu du 2 novembre initialement prévu. JFC espère ouvrir en février 2021, néanmoins le site web de Radisson indique une réouverture le 17 avril 2021.
Pendant ce temps et en attendant la signature du PSE, les salariés sont pris en charge sous couvert du chômage partiel qui finira bien par s’arrêter un jour.
Le PSE proposé par la direction contesté par le CSE
La direction a en effet proposé un PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi) que le CSE (Comité Social et Economique) de l’entreprise a refusé. Ce PSE concerne 56 salariés sur 82, soit 68,3% des effectifs.
La situation sanitaire a poussé le gouvernement à faire voter des lois nouvelles sur l’accompagnement du PSE et Sébastien Bazin y a d’ailleurs fait référence lors d’une interview récente, notamment quand il a parlé d’accompagnement des salariés vers une reconversion, une formation ou la création d’entreprise.
La direction souhaite donc négocier ce PSE avec le CSE comme la loi l’exige.
Les moyens soulevés par le CSE
Les salariés et le CSE FO-FGTA ont organisé une première journée d’action et en prévoient une seconde dès 09h30 le 2 novembre.
Le CSE a également demandé une expertise SSCT, ce que la direction a contesté et que la DIRECCTE a approuvé, ce qui semble d’ailleurs légitime.
Le CSE conteste le fait que les entretiens individuels de préparation du PSE se passent par visioconférence au prétexte que ….le code du travail ne comprend aucune disposition permettant de déroger au principe d’une rencontre physique […]
Les demandes du CSE
FO et le CSE continuent à revendiquer :
- Le retrait du PSE et la réorganisation pour motif économique avec le recours des aides APLD ;
- La réouverture du restaurant, du bar et la Thalasso ;
- L’ouverture d’une négociation portant sur une augmentation de salaire (bloquée depuis 3 ans) ;
- Une prime de risque COVID-19.
Dans l’hypothèse où le PSE reste indispensable aux yeux de la direction, FO et le CSE revendiquent :
- Une indemnité supra-légale de 2500 € par année d’ancienneté ;
- Une prime de plancher à 7000 € pour les salariés concernés par le PSE avec une ancienneté de moins de deux années ;
- Une prime de création d’entreprise pour les salariés visés par le PSE de 5000€ et une prime de formation allant jusqu’à 12000€ ;
- Une prime de déménagement de 2000€ sans limite de distance ;
- Une baisse de la proportion de postes supprimés de 70 à 50% ;
- Une instauration d’un plan épargne temps pour accompagner l’annualisation du temps de travail ;
Les éléments qui ne plaident pas pour la direction
FO et le CSE rappellent que les salaires n’ont plus été augmentés depuis trois ans, que la participation a été anéantie depuis 2009, ce qui fragilise la qualité de vie de l’ensemble des salariés.
Pourtant les années 2018 ou 2019 n’ont pas été des années de vache maigre...
Le groupe posséde 2 autres établissements sur la côte sous enseigne Holiday Inn, tous deux de taille équivalente (environ 130 chambres). Chacun emploie environ 25 salariés au lieu des 80 de Cannes. Ces hôtels ne licencient pas et jonglent en ce moment avec le chômage partiel. Les salariés de Cannes et leur CSE, même s’ils ne l’ont pas exprimé en ces termes, estiment que ces 2 autres établissements du groupe lui donnent une « puissance » financière qui pourrait aider l’établissement de Cannes à passer la crise et sauvegarder les emplois, au moins une partie.
Conclusion
Il faudrait être de très mauvaise foi pour ne pas comprendre que la situation économique de l’entreprise est très compromise car le retour à un remplissage « normal » permettant d’employer 80 personnes ne sera pas effectif avant au plus tôt 2022, sans doute 2023 ou peut être plus. Dans ce contexte tailler dans les effectifs et fermer des départements semble être l’ultime phase avant l’apparition d’une situation irréversible qui conduira fatalement à la liquidation.
D’un autre côté, le PSE prévoit un accompagnement et une garantie de réemploi pendant 24 mois.
La situation est tellement inédite qu’il est infiniment compliqué de se mettre à la place des uns ou des autres. Perdre son emploi en pleine crise peut être lourd de conséquences. Pour l’employeur qui a recruté et formé ses salariés, les licencier n’est pas chose facile non plus, rappelons le.
Ce qui se passe au Radisson Blu de Cannes va inévitablement se reproduire ailleurs tant le choc économique est brutal et durable sur le tourisme. Il est évident que certains patrons pourraient être tentés de charger la barque. Ceci ne semble pas être le cas de cet établissement, à ce stade.
Laissons la direction et le CSE négocier rapidement et surtout avec sagesse pour permettre de sauver ce qui peut encore l’être tant que ça peut l’être et prévoir le réemploi systématique de chaque salarié dès que la situation s’éclaircira.
#Sortezcouvert
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